Révolution ou guerre n°24

(Mai 2023)

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Brève explication des événements en Iran

Les manifestations et émeutes qui ont suivi l’assassinat en septembre dernier de la jeune iranienne par la police islamiste car elle ne portait pas de voile nous sont présentées comme une lutte particulière contre la « dictature des mollahs » et qui serait spécifique à l’Iran. Pour autant, et même si l’étincelle fut spécifiquement liée au régime des mollahs iraniens, le développement et l’extension de grèves ouvrières tout comme l’exacerbation des antagonismes sociaux et de classe dans le pays, sont une expression et un facteur de la dynamique internationale de lutte que nous voyons sur tous les continents. C’est bien ainsi qu’il faut comprendre et dénoncer le surgissement et la mise en avant d’une alternative politique « démocratique et gauchiste » au régime des mollahs : détourner la dynamique prolétarienne de ses revendications et combat de classe au profit de « revendications démocratiques » et sur le terrain du peuple, autrement dit de la nation et du capital.

Avec le début des manifestations et de la vague de grèves en Iran en réaction à la mort de Mahsa Amini, l’aile droite et l’aile gauche du capital ont formé des alliances et des groupes différents. Certains des visages les plus célèbres de l’opposition en dehors de l’Iran ont formé un groupe appelé « L’Alliance pour la démocratie et la liberté » [1], un groupe composé du fils du dernier Shah d’Iran, Reza Pahlavi, et d’autres éminents militants de droite et de gauche [2]. Environ un mois après la publication de cette charte, appelée « Charte de la solidarité et de l’alliance pour la liberté » ou « Charte de Mahsa » [3], l’aile gauche « plus radicale » du capital a jugé nécessaire d’annoncer également son existence en rédigeant quelque chose de similaire qui peut être considéré comme une charte en réponse à la « Charte de Mahsa ». Même le nom de ce prisme, Charte de revendications minimum, montre l’affiliation de ces « Unions indépendantes et organisations civiles » au capital et à l’objectif de le préserver. [4]

Le programme minimum, une tactique dépassée

À l’époque de la Deuxième Internationale, en particulier lorsque l’État bourgeois avait encore un caractère progressiste et que la poursuite des réformes était encore un objectif viable et tactiquement positif, les partis de la Deuxième Internationale ont fait pression sur l’État pour qu’il adopte des lois et des réformes en faveur du prolétariat et de ses organisations. Ces tactiques et revendications étaient appelées programme minimum, car une révolution internationale immédiate n’était pas à l’ordre du jour à cette époque. Avec le début de la décadence du capitalisme et, par conséquent, la perte par l’État bourgeois de son caractère semi-progressif avec ses guerres impérialistes et sa crise économique, la poursuite des réformes est devenue une tactique réactionnaire et défavorable à la classe prolétarienne au fil du temps. Les revendications minimales sont devenues obsolètes et la première chose à l’ordre du jour était une révolution mondiale. Tout groupe ou organisation qui préconise et utilise encore cette tactique a été entièrement intégré dans le camp bourgeois et a entièrement quitté le camp prolétarien.

L’état actuel des gauchistes iraniens

Apparemment, pour les gauchistes iraniens, l’État bourgeois a encore un caractère progressiste et réformable et, aussi ridicule que cela puisse paraître, cet État bourgeois est l’État des bourgeois islamistes dont le machiavélisme et la brutalité sont connus de tous.

Les revendications d’« abolition de la peine de mort », de « séparation de la religion et de l’État » ou de « l’abolition des organes d’oppression et la limitation de l’autorité de l’État » de la part de l’État bourgeois (même de l’État bourgeois islamiste) en cette ère de décadence, ne semblent rien d’autre qu’une plaisanterie puérile.

L’une des autres revendications ridicules de ces organisations était la « normalisation des relations étrangères avec d’autres pays sur la base de relations justifiées et d’un respect mutuel ». Les gauchistes iraniens vivent à l’époque pré-impérialiste et sont toujours coincés dans les exigences de la Première Internationale.

Dans la revendication numéro 4 « reconnaissance de la société arc-en-ciel LGBTQIA+, décriminalisation de toutes les relations et tendances de genre », ils tentent de défendre les droits des minorités sexuelles. Cependant, il est impossible de débarrasser complètement la société capitaliste de la discrimination et du sectarisme envers les minorités sexuelles sans une révolution de la classe ouvrière. Les événements de la révolution russe et la décriminalisation des homosexuels et des transsexuels qui s’en est suivie en sont la preuve [5]. La société iranienne est dirigée par la bourgeoisie islamiste dont l’idéologie fondamentale s’oppose à l’existence des homosexuels et des transsexuels.

L’aile gauche du capital, préservation des rapports capitalistes

Une fois de plus, nous pouvons voir toute la profondeur de la façon dont les organisations gauchistes sont une force dont l’objectif est de préserver le capitalisme (consciemment ou inconsciemment). Il n’y a aucun signe d’unité et d’indépendance de la classe ouvrière dans cette charte. Sans parler de l’absence du mot « classe ouvrière » ou « prolétariat », mais à la place, il y a de nombreuses mentions du « peuple ». Cela montre à quel point le prolétariat international et en particulier la classe ouvrière de la région de l’Iran ont besoin d’un parti de classe international (comme l’ont bien dit les camarades de la TCI [6]).

L’horizon de la classe ouvrière internationale

Malgré le sabotage actif venant de tous les côtés de la bourgeoisie, les grèves et les luttes prolétariennes (à l’échelle internationale) sont toujours vivantes et se poursuivent. C’est également vrai pour le prolétariat iranien, avec différents secteurs et professions qui participent activement et se joignent aux vagues de grèves. Ce dont la classe ouvrière iranienne a besoin, ce n’est pas de l’unité des gauchistes et de leur vision nationaliste, mais du parti international et de sa capacité à cristalliser les luttes et les expériences de la classe ouvrière internationale.

Daron, Avril 2023

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