Révolution ou guerre n°19

(Septembre 2021)

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Nouvelle plateforme politique et l’alternative historique « révolution ou guerre »

La rupture historique provoquée par la crise économique qui a éclaté en février-mars 2020 avec la crise pandémique de Covid a principalement deux conséquences pratiques : l’aggravation, encore largement en devenir même si déjà bien avancée, des conditions d’exploitation du travail salarié, de la classe prolétarienne, et de la misère généralisée sur tous les continents, à commencer par les plus pauvres ; et l’exacerbation démultipliée de la concurrence entre capitaux et, donc, des rivalités impérialistes de tout ordre. Il en résulte que les poussées à la guerre impérialiste généralisée exercent une pression accrue sur chaque bourgeoisie nationale, à commencer par les plus puissantes, au point que les contours d’une polarisation, elle-aussi en devenir, militaire et idéologique semblent se faire jour autour des États-Unis regroupant les puissances impérialistes dites démocratiques et la Chine derrière laquelle s’aligneraient les puissances dites illibérales. Une course s’est engagée entre la dynamique à la guerre généralisée et la capacité, à ce jour très réduite, beaucoup trop, du prolétariat international à développer ses luttes et présenter ainsi au monde la perspective du communisme. L’alternative révolution ou guerre et, pour l’heure, la guerre en particulier deviennent des faits matériels en devenir dictant chaque fois plus le cours des événements.

C’est dans cette situation que le GIGC vient d’adopter une nouvelle plateforme politique. Ce fait, en soi particulier, ne peut pas être une simple contingence. Nous sommes convaincus qu’il répond à une nécessité imposée par la nouvelle situation historique. Nous avons même la prétention de croire, parce qu’armés du matérialisme historique, que l’adoption de cette plateforme par une expression politique du prolétariat, ici le GIGC, est un autre élément, produit et facteur, de la situation qui s’ouvre. Nous ne doutons pas que cette affirmation fera sourire nombre de camarades et lecteurs ne partageant pas nos positions, en particulier sur le parti avant-garde politique du prolétariat et expression la plus haute de la conscience de classe, et se moquer ceux qui nous sont hostiles. Le fossé entre la réalité statique et immédiate, de tout petits noyaux de militants, du GIGC et de l’ensemble du camp prolétarien, c’est-à-dire des groupes communistes, d’une part et d’autre part les enjeux historiques, est d’une telle ampleur et profondeur, celle-ci donne le vertige, que notre affirmation leur apparaîtra comme totalement farfelue et mégalomaniaque.

Rassurons sur notre état mental tous ceux qui ne voudraient pas lire notre document sérieusement. Nous sommes bien conscients de nos propres faiblesses, de celles du camp prolétarien en général tout comme de celles du prolétariat international aujourd’hui. Aucun de nos membres ne prétend être un génie ou un leader historique appelé à éclairer le monde. 99,9 % de notre plateforme n’est qu’une réappropriation historique à la lumière des expériences à ce jour de la tradition et des positions de la Gauche communiste. Les 0,1 % – si ce n’est les 0,01 % – qui restent et peuvent apparaître comme nouveau, ne sont que le résultat de l’évolution historique et de nos propres débats et combats depuis la constitution du GIGC en 2013 et que cette publication a régulièrement rapportés [1]. En ce sens, cette plateforme est le fruit d’un collectif politique et non d’une addition de militants, encore moins d’individualités particulières.

Adopter une plateforme répondant aux enjeux des années 2000 s’imposait chaque fois plus à nous, ne serait-ce que du fait des insuffisances et limites des plateformes des années 1970 (CCI) et 1980 (TCI) que les débats et discussions avec des camarades voulant se rapprocher et adhérer à notre groupe mettaient largement en lumière. La rupture de 2020 a exigé de toute urgence son élaboration, sa discussion et son adoption. Voilà pourquoi nous disons qu’elle est un produit historique. Cette plateforme prétend répondre à la question historiquement cruciale posée au prolétariat : la constitution de son parti en lien avec les principes, positions et frontières de classe, en premier lieu ceux de l’insurrection et dictature prolétariennes, en vue des confrontations massives de classe que la rupture historique précipite ; tout comme fournir le cadre programmatique pour définir au mieux tactique, orientations et mots d’ordre de direction politique dans ces confrontations, dans les grèves de masse à venir. Voilà pourquoi nous disons qu’elle est un facteur réel du rapport de force dynamique entre prolétariat et bourgeoisie. Elle interpellera les groupes communistes existants, particulièrement ceux se revendiquant de la Gauche communiste et appartenant au forces pro-parti comme les nommait Lénine, tout comme les militants encore isolés. Voilà pourquoi nous disons qu’elle est d’ores et déjà un moment et un acteur du combat pour le parti.

Le Groupe international de la Gauche communiste, de fait fraction du camp communiste, s’est doté de l’outil fondamental pour mener la bataille pour le parti et faire que celui-ci, direction politique du prolétariat, soit le plus efficace possible dans le drame historique qui vient. Voilà pourquoi nous soumettons notre plateforme à l’étude et la critique de tous les groupes et militants communistes, de l’ensemble du camp prolétarien, à l’aune des enjeux historiques qui se présentent.

Révolution ou guerre, le 15 septembre 2021

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Notes:

[1. cf. en particulier nos prises de position sur les plateformes de la TCI et du CCI dans nos numéros 17 et 18.