Révolution ou Guerre n° 2

(Septembre 2014)

PDF - 449.1 ko

AccueilVersion imprimable de cet article Version imprimable

Prise de position sur les plate-formes de la TCI et du CCI

Nous reproduisons ci-dessous la critique et les commentaires du camarade Stavros sur les plateformes du Courant Communiste International et de la Tendance Communiste Internationaliste qui ont été rédigés en mars 2014. Depuis lors, et après avoir pris contact aussi avec la TCI, le camarade a posé sa candidature à notre groupe. Mais indépendamment de cette adhésion, cette contribution représente, nous l’estimons, une sorte d’état des lieux militants du camp prolétarien tel qu’il se trouve présentement. En effet, plusieurs éléments adhérant aux positions de la Gauche Communiste historique tendent à se ranger politiquement derrière l’une ou l’autre des plateformes de ces deux courants. Le Parti Communiste International, bien qu’il soit une autre organisation historique d’importance, représente un cas à part pour le GIGC avec sa position sur les syndicats rouges ou son adhésion du bout des lèvres à certaines luttes de libération nationale comme la Palestine. Il partage cependant le même héritage programmatique et se situe bel et bien dans le camp prolétarien.

Aussi, les commentaires de Stavros s’inscrivent dans un processus nécessaire, actuellement, qui devrait voir converger les éléments les plus sérieux de la Gauche Communiste historique afin d’entreprendre les discussions menant au regroupement de ces divers éléments. Avec l’aggravation des tensions inter-impérialistes et les tentatives de résistances du prolétariat au niveau des luttes économiques, l’heure est plus que jamais à l’alternative historique ’Révolution ou Guerre’. Et pour le premier des deux termes, le parti de classe international et internationaliste est indispensable afin d’orienter les luttes économiques du prolétariat vers leurs pleines consciences politiques.

Des deux tendances qui opposent diamétralement le camp prolétarien à l’heure actuelle, c’est-à-dire la tendance partidiste et celle qui tend à la fois vers l’académisme et vers un conseillisme plus ou moins formel, nous nous adressons à la première : voilà, selon le GIGC, où devrait être la priorité des différents éléments qui se revendiquent des positions prolétariennes telles que reflétées fidèlement à la fois par la TCI et le CCI : le regroupement de nos forces politiques en un parti, seul rempart du prolétariat contre la bourgeoisie qui l’oppose.

À ce sujet, plusieurs des questions posées par Stavros, dans cette discussion qu’il a lui-même entrepris avec nous, n’ont même pas encore été tranchées – ni même abordées – au sein du GIGC. Pour nous, cependant, nous ne pensons pas que ces questions constituent une démarcation assez importante entre la TCI et le CCI pour empêcher un élément de vouloir prendre part à l’une ou l’autre de ces organisations (oublions la dérive stalinienne actuelle du CCI officiel). L’heure est donc à délimiter le terrain sur lequel le prolétariat doit lutter, autrement dit les positions de base de la GC. Les particularités programmatiques de ces deux courants, aussi importantes soient-elles, telles que la théorie de la décadence et celle des crises du capitalisme, ne représentent pas le même enjeu lorsque la lutte s’accélère et que les conditions deviennent de plus en plus propices à l’alternative historique.

Sol, mai 2014.


Prise de position sur les plateformes de la TCI [1] et du CCI [2] (Stavros)

La plupart des positions contenues dans les plate-formes du CCI et de la TCI se recoupent largement. Je vais commencer par souligner les accords. Le CCI et la TCI sont tous les deux en accord sur la nature contre-révolutionnaire de la démocratie bourgeoise, des syndicats, des luttes de libération nationale, du capitalisme d’État vu comme le socialisme ainsi que sur tous les « partis ouvriers » qui donnent un appui « conditionnel » à ces États. De manière similaire, ils rejettent comme contre-révolutionnaires et comme étant de la collaboration de classe les fronts unis ou les fronts populaires avec des groupes gauchistes que ce soit sous la bannière de l’anti-fascisme et de l’unité de la gauche. Il rejettent aussi l’autogestion sous le capitalisme. Autant le CCI que la TCI affirment également le caractère prolétarien de la révolution d’octobre 1917 en Russie. Finalement, les deux groupes se réclame des éléments internationalistes de la 2e Internationale qui ont formé la 3e Internationale ainsi que des éléments dans la 3e Internationale (particulièrement la gauche italienne, mais aussi les gauches hollandaise et allemande) qui ont lutté contre le glissement vers l’opportunisme (c’est-à-dire l’ouverture au réformisme) et l’abandon de l’internationalisme prolétarien (Socialisme dans un seul pays).

Cependant, les différences entre les deux groupes doivent être soulignées vu que ce n’est pas seulement une question de sémantique, mais elles ont une signification politique et programmatique. À part la divergence apparente sur l’évaluation du rapport de force entre les classes – le CCI est plus optimiste sur cette question, théorisant que la bourgeoisie n’a pas été capable d’imposer sa solution historique de guerre généralisée sur le prolétariat – les principales divergences sont leur conception du rôle concret et de l’organisation de l’avant-garde révolutionnaire, leur explication du développement de la crise du capitalisme et sa périodisation et finalement la nature de la période de transformation du capitalisme au communisme, c’est-à-dire la période de transition.

Sur la question de l’avant-garde révolutionnaire, autant le CCI que la TCI sont d’accord sur la nécessité de la création d’un parti communiste international et centralisé – comme expression de l’organisation politique de la partie la plus consciente de la classe ouvrière – avant l’émergence d’une situation révolutionnaire. Le but de cela est de combattre les mystifications idéologiques de la bourgeoisie qui se manifesteront assurément dans de telles situations, par exemple dans une situation de dualité du pouvoir où il y a une large généralisation et politisation de la lutte des travailleurs à travers la formation des conseils ouvriers et aussi après la conquête du pouvoir par les conseils ouvriers. Le CCI et la TCI sont aussi d’accord sur le fait que le parti ne peut se substituer à la classe. D’après la plateforme du CCI sur l’organisation des révolutionnaires : « Comme partie de la classe, les révolutionnaires ne peuvent, à aucun moment, se substituer à celle-ci, ni dans ses luttes au sein du capitalisme ni, à plus forte raison, dans le renversement de celui-ci ou dans l’exercice du pouvoir. » Similairement, pour la TCI : « sa tâche (le parti) sera de se battre pour une perspective communiste dans les organes de masse du pouvoir prolétarien (les soviets ou conseils). Cependant, le parti demeurera une minorité de la classe ouvrière et il n’est pas le substitut de la classe en général. La tâche d’édifier le socialisme appartient à la classe ouvrière dans son ensemble. C’est une tâche qui ne peut être déléguée, même pas à l’avant-garde la plus consciente de la classe. » . Dès lors, quelle est la différence entre ces deux groupes quant au rôle de l’organisation des révolutionnaires ? Il semble que ce soit une différence d’emphase. La TCI met plus d’emphase sur le leadership révolutionnaire du parti communiste et le rôle actif que ses militants prendront lors de l’assaut du capitalisme et de son État par la classe ouvrière : « ses principales tâches. Ceci, afin de gagner les masses au programme communiste et de conquérir la direction politique de la lutte afin de la mener vers le renversement révolutionnaire de l’État capitaliste. La révolution sera donc un succès seulement si l’organisation révolutionnaire - le parti communiste se tenant à la tête de la classe - est adéquatement développée et préparée pour son propre assaut frontal contre les ennemis politiques du programme révolutionnaire. » Pour le CCI, « L’organisation des révolutionnaires (dont la forme la plus avancée est le parti) est un organe nécessaire que la classe se donne pour le développement de la prise de conscience de son devenir historique et pour l’orientation politique de son combat vers ce devenir. » Sur la base de ma compréhension de leur plateforme respective, la TCI met plus d’emphase sur le leadership actif qui doit être fourni par le parti révolutionnaire immédiatement avant et pendant la période de la dictature du prolétariat. Ici je suis en accord avec la position de la TCI d’après la compréhension que j’en ai, alors que la position du CCI peut tendre à une interprétation du parti considéré comme seulement un groupe de propagande.

Qu’en est-il de la forme de l’organisation des révolutionnaires ? Pour le CCI, le processus de la construction du parti révolutionnaire est centralisé dès le départ :« les fractions ou groupes qui travaillent à sa reconstitution tendent nécessairement vers une centralisation mondiale. Celle-ci se concrétise par l’existence d’organes centraux investis de responsabilités politiques entre chacun des congrès devant lesquels ils sont responsables.  » Alors que je suis d’accord avec la nécessité d’une coordination centralisée de la minorité révolutionnaire avant même que l’organisation ait suffisament maturé au point où il serait justifié de l’appeler parti, je pense que le danger – en particulier dans une période de calme social relatif – est quand ces organes centraux essaient d’exercer une influence indue sur ses diverses sections (micromanagement), dans le sens du recrutement et de l’intervention des diverses sections dans leur région. Sur la question de l’adhésion des différentes sections au programme politique comme un tout, il ne peux y avoir de doute. Similairement, il faut souligner l’importance de la centralisation de l’organisation dans son rôle d’éclaireur de la classe lui montrer le déroulement global de l’actualité et les leçons de sa lutte. Cependant, il est vital que les organes centraux n’essaient pas d’imposer artificiellement une homogénéité politique par le haut. Cette homogénéité n’a de signification que si elle est le résultat de débats et discussions entre toutes les différentes sections et les membres. Ceci présuppose que non seulement tous les militants comprennent les positions politiques du parti mais en comprennent aussi les fondements méthodologiques (matérialisme dialectique). Dans le cas où les organes centraux tentent de ’micromanager’, cela est souvent un indicateur de pratique de recrutement opportuniste car il devient nécessaire d’imposer un contrôle davantage du haut vers le bas afin d’éviter la dilution des positions politiques. Alors que je suis pour le centralisme, je ne crois pas qu’il puisse être un centralisme vertical où un gourou d’un comité central infaillible ordonne d’en haut et demande une discipline militaire. Au contraire, le centralisme et la discipline sont volontaires et produits par la clarification politique et le débat.

La position de la TCI semble être que le futur parti centralisé sera le résultat de la consolidation de différentes sections qui travaillent déjà ensemble. « La formation du Parti International du Prolétariat passera par la dissolution des diverses organisations ’nationales’ qui ont œuvré ensemble et qui sont en accord avec la plateforme et le programme de la révolution. Le Bureau International Pour le Parti a comme objectif d’être le centre de coordination et d’unification de ces organisations. » Bien que je comprenne pourquoi la TCI tient cette position – à savoir l’expérience unique et son l’intégration dans la classe par chaque section dans son contexte régional – je crois qu’un danger réside dans la possibilité de tolérer un manque de coordination entre les différentes sections antérieurement à la centralisation dont la TCI défend le caractère indispensable. De plus, ce n’est pas clair pour moi pourquoi les sections territoriales devraient être divisées selon une base nationale. Encore plus dangereuse est la possibilité de permettre des variations nationales dans la compréhension et l’application du programme politique. Cependant, je ne suis pas en train de dire que les dangers mis en évidence plus haut représentent un état des lieux (je ne connais pas assez le fonctionnement interne de la TCI), seulement ce sont des écueils sur lesquels la TCI doit être vigilante afin de les prévenir. Aussi, considérant que la TCI affirme qu’il est vital qu’il y ait un parti internationalement centralisé déjà formé avant le début d’une période révolutionnaire, quel sera le signal du commencement du processus de centralisation ? C’est pratiquement comme s’ils nous laissaient comprendre que ce processus se réalisera par lui-même, d’une manière organique ou émergeante, alors que cela requiert la participation active et concertée de toutes les différentes sections du groupe comme priorité immédiate. Toute chose étant égale par ailleurs, une organisation internationale qui est centralisée est plus apte à allouer ses ressources et ses efforts pour intervenir rationnellement dans la classe sur la base de son programme qu’une organisation divisée en plusieurs sections nationales autonomes. Tel que je le comprends, leur position est qu’une augmentation de la conscience de classe et de la lutte conduira au processus de centralisation des forces pro-révolutionnaires qui sont aujourd’hui fragmentées et manquent de racines dans la classe. Il faut s’orienter et trouver l’équilibre entre le fait de ne pas vouloir imposer arbitrairement le centralisme d’en haut et la nécessité pour l’organisation révolutionnaire de coordonner son intervention.

Une autre différence importante entre le CCI et la TCI est leur compréhension des causes des crises capitalistes et leur périodisation du capitalisme. La TCI est sans ambigüité dans son analyse de ce qui cause les crises capitalistes ; c’est la tendance à la baisse du taux de profit. Ceci est une conséquence du changement dans la composition organique du capital passant d’une plus petite part à une plus grande part de capital constant par rapport au capital variable. D’autre part, pour le CCI il y a deux dynamiques interreliées qui expliquent les crises : Mais en généralisant ses rapports à l’ensemble de la planète et en unifiant le marché mondial, il [le capitalisme] a atteint un degré critique de saturation des mêmes débouchés qui lui avaient permis sa formidable expansion du 19ème siècle. De plus la difficulté croissante pour le capital de trouver des marchés où réaliser sa plus-value, accentue la pression à la baisse qu’exerce sur son taux de profit l’accroissement constant de la proportion entre la valeur des moyens de production et celle de la force de travail qui les met en œuvre.’ Bien que cela puisse sembler être une différence mineure, cette différence est pleine d’implications pour la stratégie des communistes. Par exemple, une explication des crises comme étant seulement le résultat de la saturation des marchés se prête à une compréhension des crises comme un aspect permanent de cette phase de développement. Cette affirmation serait en contradiction avec les cycles d’accumulation observables lors du 20e siècle, cycles qui peuvent être expliqués à la lumière de la tendance du taux de profit à la baisse. Cette position (saturation des marchés) sous-estime l’habileté du marketing ainsi que du crédit pour créer de nouveaux marchés pour les marchandises capitalistes. Cependant, la position du CCI est évidemment plus élaborée que de juste rejeter carrément la pertinence de la théorie de la tendance à la baisse du taux de profit et de s’appuyer seulement sur la ’saturation des marchés’.

Une autre différence entre le CCI et la TCI est la manière de conceptualiser les différentes périodes du développement capitaliste. Dans la plate-forme du CCI, la période de la modernité capitaliste commençant avec la Première Guerre mondiale est appelée décadence du capitalisme. Même si le mot décadence ne se trouve pas dans la plate-forme de la TCI, le terme est mentionné dans leur section ’À propos de nous’. Dans leur plate-forme, la TCI parle aussi de ’moyens de production ... en tant que propriété du capital financier, laquelle est la forme réelle du capital à l’époque impérialiste.’ Cette compréhension me semble complètement cohérente avec la notion de décadence capitaliste. Cependant, le CCI inclut le concept de décomposition à sa compréhension de la décadence : ’il en découle, comme pour toute société en décadence, un effondrement et une décomposition croissante des institutions sociales, de l’idéologie dominante, de l’ensemble des valeurs morales, des formes d’art et de toutes les autres manifestations culturelles du capitalisme.’ En plus d’être sans doute empiriquement et manifestement faux, cela semble être un ajout aucunement nécessaire (avec peu ou pas de valeur explicative ou prédictrice) à la théorie de la décadence. Est-ce que la monarchie absolue dans le féodalisme décadent montrait des signes de décomposition ? L’institution de la monarchie absolue ne s’est pas décomposée ou ne s’est pas affaiblie d’elle-même. Elle avait besoin d’être détruite par la révolution bourgeoise. Même chose pour le capitalisme décadent. En l’absence de révolution prolétarienne, nous pouvons nous attendre à de nouvelles formes de totalitarisme, pas à une société pourrissante où le chacun pour soi règne. Les autres aspects de la théorie de la décomposition semblent appartenir plutôt à l’idéalisme petit-bourgeois qu’au matérialisme dialectique.

Cependant, le CCI inclut le concept de décomposition dans sa compréhension de la décadence. Le CCI a avancé que la lutte de classe rentrait dans une période décisive. Cela s’appuie par la combativité croissante de la classe ouvriière dans les grèves économiques de cette époque. Du fait de son manque de politisation et de généralisation, la classe ouvrière n’était pas capable d’affirmer son pouvoir collectif et de représenter une menace pour l’Etat. La classe ouvrière n’acquit pas conscience de soi. Le CCI surestima la capacité du prolétariat à résister à la mystification idéologique bourgeoise et à la répression étatique. Après l’échec des “années de vérité”, le CCI a révisé la théorie de la décadence pour inclure une nouvelle catégorie “la décomposition” dans laquelle aucune des classes peut imposer de manière décisive ses intérêts politiques. Du point de vue du CCI, cette période est caractèrisée par “une décomposition croissante des institutions sociales, de l’idéologie dominante, des valeurs morales, des formes d’art and tout les autres manifestations culturelles du capitalisme”. Le problème avec cette vision est qu’elle sous-estime la domination étendue de la bourgeoisie et rend obscure le dilemme historique posé par le capitalisme décadent : révolution prolétarienne ou guerre impérialiste.

Le dernier et probablement le plus significatif des points de divergence entre le CCI et la TCI est leur conception de la nature de la période de transformation du capitalisme en communisme, c’est-à-dire de la période de transition. Pour le CCI, pendant cette période de transition du capitalisme au communisme, il subsiste des classes et couches sociales non-exploiteuses autres que le prolétariat et qui assoient leur existence sur le secteur non socialisé de l’économie. De ce fait, la lutte de classe se maintient comme manifestation d’intérêts économiques contradictoires au sein de la société. Celle-ci fait donc surgir un Etat destiné à empêcher que ces conflits ne conduisent à son déchirement. Mais avec la disparition progressive de ces classes sociales par l’intégration de leurs membres dans le secteur socialisé, donc avec l’abolition de toute classe sociale, l’Etat lui-même sera appelé à disparaître.’ Cependant, cela semble s’éloigner de la conception de l’État comme instrument de domination de classe ainsi que l’idée complémentaire de l’État ayant le monopole de l’utilisation de la force. La manière de voir les choses du CCI amène les conséquences suivantes : l’État dans la période de transition n’est pas la dictature du prolétariat ; l’État de la période de transition devrait, grâce au pouvoir magique de l’Esprit Saint matérialisé dans l’alliance de toutes les couches non-exploiteuses, celles-ci ayant les mêmes droits au même niveau que les restant de la bourgeoisie, fusionnés dans le socialisme ; la dictature du prolétariat, suivant cette logique, n’existe pas vu qu’elle utilise la force au nom d’aucune classe spécifique.’ [3]

Sur ce sujet, je me range du côté de la TCI. Un État implique la domination d’une classe. La forme de cette domination durant la période de transition est la dictature du prolétariat. Sur la base de ma compréhension, la dictature du prolétariat est le pouvoir exclusif et centralisé de la classe ouvrière. Cela prend la forme d’un organisme agissant qui combine les pouvoirs législatif et exécutif. La tâche immédiate de la dictature du prolétariat (avec la suppression de la réaction) est de socialiser la propriété vu que la propriété privée des moyens de production des biens socialement nécessaire implique l’accumulation privée de pouvoir social. Aussitôt que la dictature du prolétariat est consolidée dans les pouvoirs capitalistes centraux et que la propriété est socialisée, la tâche est d’abolir la loi de la valeur et les organismes agissants passent d’organismes politiques pour la suppression de la bourgeoisie pour devenir des organismes dont la tâche est d’administrer rationellement la production selon un plan coordonné centralement. Le processus de dépérissement de l’État correspond à cette transition entre les tâches politiques (répression, expropriation) et les tâches administratives (production selon un plan matériel pour satisfaire les besoins). Je ne vois pas la nécessité d’inclure un demi-État séparé des conseils. Le monopole de l’utilisation de la force (c’est-à-dire de l’État) est dans les main des conseils ouvriers. Et alors, qu’en est-il des couches non-exploiteuses de la société sauf le prolétariat ? Les paysans et les habitants des bidonvilles existaient bien avant l’émergence du capitalisme tandis que le prolétariat est une classe révolutionnaire qui émerge seulement avec le capitalisme. Les couches non-exploiteuses autres que le prolétariat trouveront leur expression politique dans la mesure où elles seront progressivement prolétarisées c’est-à-dire dans la mesure où elles seront incluses dans la production socialisée (plutôt que la production à petite-échelle et la production de subsistance). Une des tâches principales de la période de transition sera d’inclure dans la production socialisée cette partie de la population qui est structurellement exclue par le capitalisme.

Malgré la similitude apparente des programmes du CCI et de la TCI, il y a d’importantes différences, notamment la théorie de la décomposition du CCI et la divergence entre les deux groupes sur la période de transition. Sur cette seule base, il serait difficile d’imaginer une unification de ces deux groupes. Cela est sans parler de la santé organisationnelle de ces groupes (par exemple, l’ouverture du CCI vers l’anarchisme ainsi que son sectarisme et sa nature monolithique), sujets qui ont été discuté ailleurs.

Mars 2014.

Stavros, mars 2014.

(Publieé sur http://igcl.org: 9 septembre 2014)

Accueil


Notes:

[3. Marxism or Idealism, our Differences with the ICC (TCI, Marxisme ou idéalisme, nos divergences avec le CCI, traduit par nos soins).