Révolution ou guerre n°6

(Semestriel - Septembre 2016)

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Rapport d’activités pour la Réunion générale du GIGC

Une précision d’abord : ce rapport ne peut pas être et ne cherche pas à être exhaustif. Un rapport d’activités vise essentiellement à deux choses : tirer un bilan et en tracer des perspectives pour la période à venir. Tirer un bilan ne consiste pas à établir deux colonnes, l’une positive, l’autre négative, et à en faire le solde à la fin. Le bilan n’est pas en soi mais par rapport à l’évolution de la situation historique mondiale et celle du milieu principal dans lequel nous évoluons, le milieu révolutionnaire en général et le camp prolétarien en particulier. Et cela en lien avec nos principes de base, nos orientations politiques et nos forces. Avons-nous respecté nos principes (notre plate-forme) et vérifié leur valeur face à la situation ? Avons-nous mis en avant nos orientations politiques (déterminées par notre compréhension de la situation historique, cf. nos Thèses sur la situation internationale [1]) et les avons-nous adaptées, voire modifier, si la situation l’exigeait ? Avons-nous utilisé au mieux nos forces en lien avec nos principes et nos orientations et les nécessités de la situation générale ? Bref, avons-nous respecté et développé le mandat que la conférence de constitution de 2013 nous avait donné ?

Sans doute ne pourrons-nous pas avoir de rapport sur la situation internationale qui nous permettrait de revenir sur les deux ans et demi écoulés depuis la constitution du groupe et l’adoption de nos Thèses sur la situation internationale. Nous n’en avons pas les forces. Néanmoins, ce bilan va être déterminé par le fait que le rapporteur en essayant de prendre en compte ce qui, selon lui, devrait être partagé par tous les camarades) considère que :
- l’évolution de la situation mondiale a confirmé la validité générale de notre cadre d’analyse (les Thèses) : décadence du capitalisme, alternative révolution ou guerre et les termes dans lesquelles elle se pose chaque fois plus au travers de la notion de cours historique, crise économique et rivalités impérialistes s’exacerbant, offensive économique et politique bourgeoise, combativité et limites prolétariennes principalement dues à l’absence de perspective, voire sous forme de “simple espoir”, révolutionnaire (en d’autres termes : faiblesse de la conscience de classe dans les grandes masses prolétariennes) ;
- par rapport aux Thèses qui datent de juillet 2013, la situation a néanmoins évolué : le lien crise économique-rivalités impérialistes est devenu de plus en plus direct, la dynamique particulière des luttes ouvrières ouverte en 2008 s’est éteinte précisément en 2013 (la dynamique “grecque” comme foyer international potentiel) et une offensive idéologique et politique plus agressive de la bourgeoisie au niveau international contre le prolétariat s’est ouverte à partir de janvier 2015 avec les attentats de Paris ouvrant « une nouvelle période ». La crise et la guerre vont devenir des facteurs directs de prise de conscience dans les rangs prolétariens et de renouveau de l’aspiration révolutionnaire ;
- enfin, les dynamiques contradictoires qui parcouraient le camp prolétarien et le camp révolutionnaire se sont approfondies : hésitations de la Tendance Communiste Internationaliste (TCI, www.leftcom.org) pour assumer sa responsabilité historique, subsistance et même léger réveil des groupes “bordiguistes” (pour ce qui est des forces “partidistes”), manque de confiance et hésitations des nouveaux éléments, groupes, cercles qui surgissent régulièrement et qui disparaissent, déliquescence croissante du Courant Communiste International, maintien d’une mouvance anti-organisation de type “conseilliste” ; tout cela accentué par l’isolement des groupes révolutionnaires de leur classe comme expression de la perte de l’absence généralisée de conscience de la perspective communiste.

Bien évidemment, ce rapide constat validant nos orientations générales définies en 2013 – a priori nous pensons que tous les camarades le partageront – n’enlève rien aux possibles discussions, clarifications, voire nuances ou désaccords sur tel ou tel point particulier. Nous pensons à la question de l’axe principal d’affrontement impérialiste tel que le camarade S. l’a posée après l’intervention russe en Syrie. Nous pensons à la compréhension du cours historique qui a été l’objet de multiples et constantes discussions et clarifications en notre sein tout au long de ces années. Nous pensons aux questionnements réguliers sur le rôle de la TCI comme pôle de regroupement. Il en est certainement d’autres.

Nous voyons trois éléments fondamentaux ayant déterminé les dynamiques en cours de la situation internationale depuis 2013 à partir desquels nous pouvons évaluer, positivement selon le rapporteur, les capacités de notre groupe pour reconnaître, prendre position, et même adapter-réadapter ses orientations :
- l’épuisement de la dynamique de lutte du prolétariat en Grèce (juillet 2013), que le groupe est capable de prendre en compte assez rapidement (cf. RG#1, présentation des Thèses, mais surtout RG #2) ;
- les attentats de janvier 2015 à Paris ouvrant une nouvelle période de confrontations massives que nous réussissons à comprendre et à mettre en avant dans la revue #3 ;
- l’hésitation de la TCI face à la constitution du GIGC (été 2014) et l’adaptation de notre orientation à son égard [2].

Lire ou relire l’ensemble des numéros de Révolution ou Guerre accompagné des tracts et communiqués donne une image assez fidèle de la réalité et de la dynamique du GIGC depuis sa constitution. Ainsi, nous proposons de commencer par la publication pour établir notre bilan.

1) La revue et nos tracts

« Le GIGC décide de se doter d’une revue papier internationale, Révolution ou Guerre, – semestrielle dans un premier temps – qu’il diffusera le plus largement possible afin de pouvoir mener son intervention générale sur une base régulière en vue de développer une présence politique à la fois internationale et locale quand c’est nécessaire et là où il le peut. » (Résolution sur la constitution du GIGC, Conférence de novembre 2013).

En premier lieu, le groupe a su remplir le mandat donné par la conférence quant à l’établissement et la réalisation d’une publication régulière semestrielle en deux langues. Tout comme la mise en place du site web qui nous permet aussi d’assurer une version espagnole réduite de la revue et la publication de la plupart de nos tracts et communiqués dans cette langue. Celle-ci n’a pas connu de retard et nous pouvons estimer que son contenu politique exprime la richesse et les capacités du GIGC. Rares sont les groupes révolutionnaires et même communistes qui réussissent à assurer une publication régulière. À cette réussite, nous devons aussi ajouter la qualité de notre site web et de notre page Facebook qui nous permettent de faire connaître – au-delà des diffusions militantes inévitablement limitées – nos prises de position immédiates par tracts ou communiqués. Certainement, il peut y avoir des points à améliorer.

La régularité et la fréquence des revues et des actualisations sur le site web en disent déjà beaucoup sur la force et la dynamique du groupe. De ce point de vue, le groupe a rempli le mandat que la conférence lui avait donné.

L’autre partie du mandat quant aux publications touche au contenu politique et aux orientations mises en avant. Le rapporteur estime que la revue a répondu comme il convenait à la situation (en lien avec sa fréquence) :
- par rapport à l’évolution de la situation et les événements immédiats d’importance international, les éditoriaux et les tracts-communiqués ont réussi à prendre en compte, parfois au dernier moment pour ce qui est des éditoriaux de la revue (ce qui exprime notre capacité de réaction), les ruptures et les faits dominants dans la situation : la guerre en Ukraine (février 2014), les grèves en Allemagne-Belgique (octobre 2014), les attentats de Paris (janvier 2015), la crise économique mondiale (chute des BRICS) et le sens politique de Syriza au pouvoir en Grèce (été 2015), sur les vagues d’immigrants en septembre 2015, sur les nouveaux attentats parisiens (novembre 2015), sur l’alternative prolétarienne suite aux attentats de Bruxelles et à la campagne médiatique qui les ont suivi (mars 2016). Au-delà de ces réponses immédiates, la revue s’est centrée pour une grand part sur la dénonciation de la démocratie bourgeoise mise en avant dans la plupart de ces événements comme élément central de la mystification idéologique bourgeoise en général et plus particulièrement en vue de la guerre impérialiste ;
- par rapport au camp révolutionnaire et prolétarien, nous avons su prendre position sur les événements principaux : crise du Courant Communiste International (CCI) et ses congrès, réunions publiques de la TCI au Canada, Assemblée Général de Battaglia Comunista, tout en reproduisant régulièrement textes et articles de la TCI ou encore du PCint bordiguiste ;
- sous forme de débat ouvert, la revue a fourni des orientations et des éléments de réflexion sur le cours historique, sur la méthode d’analyse de la lutte des classes et des rivalités impérialistes, sur la mystification démocratique et celle d’Internet, sur les élections, sur les plateformes du CCI et de la TCI, sur la question du Parti (avec le groupe russe Postcap Collective), sur l’anarchisme. Il faut insister sur notre volonté d’ouvrir la revue et nos débats à tout le camp prolétarien et d’assumer les débats qui le traverse. Il s’agit d’une orientation centrale que nous devons maintenir et approfondir afin de gagner le maximum de forces du camp à cette tradition malheureusement oubliée et abandonnée du fait du sectarisme.

Bref, nous considérons que la revue et nos interventions ont non seulement répondu à la situation générale – et parfois locale et immédiate quand nous le pouvions – mais ont aussi exprimé :
- la vitalité de notre groupe et l’intensité de sa vie interne ;
- son ouverture sur la situation immédiate et sur les autres groupes révolutionnaires – particulièrement ceux de la Gauche communiste – œuvrant ainsi au combat pour le parti ;
- sa volonté d’intervention dans la lutte des classes et, surtout, de développer sa capacité et son rôle de direction politique, tant au niveau général, historique, qu’au niveau immédiat, dans les luttes.

Ensuite, nous pouvons considérer que la revue a mis en avant les positions et orientations politiques que la conférence de 2013 avait définies. En particulier, elle s’est clairement située dans le camp “partidiste” tout en étant capable de défendre la nécessité et la perspective de dépassement du sectarisme, en exprimant l’unité de la Gauche communiste et la nécessité de “dépasser” la scission de 1945 entre les deux courants historiques représentés par l’ex-BIPR (TCI aujourd’hui) et le CCI des années 1970-1980.

Ce constat, positif, du travail de la revue, n’enlève rien aux faiblesses et manques qui, certainement, mériteraient d’être relevés et discutés. Il appartiendra à la discussion de ce rapport pour la réunion générale (et donc aux camarades) de soulever les faiblesses ou manques éventuels après s’être prononcés sur le bilan général qui est tiré ici sur la revue. En effet, selon que l’on sera d’accord ou pas avec ce bilan, la discussion des faiblesses et des manques ne prendra pas le même sens politique. En particulier, des critiques que le rapporteur ne partage pas, ont été émises sur la “lisibilité” de la revue, sur le “public auquel elle s’adresse” (lors de la discussion sur la nécessité de “tract d’agitation”). Si cette critique devait être maintenue, il conviendrait de savoir dans quel cadre nous en discutons : celui d’un accord général avec le bilan positif que nous tirons dans ce rapport ou bien dans le cadre d’une opposition à celui-ci. Dans le second cas, la discussion devra porter sur notre compréhension de l’intervention d’un groupe communiste et de ses publications.

Nous demanderons donc à la réunion générale du groupe de se prononcer sur ce bilan de la revue (et nos interventions par tracts et communiqués, et y compris notre intervention par le site). Est-ce que le mandat que la conférence de 2013 avait donné à la publication a été rempli ?

2) La vie interne du groupe

« Nous sommes en train de construire un groupe à partir de deux noyaux et de militants aux histoires et expériences militantes variées. Et il faut tenir compte de cette situation immédiate que nous devrons dépasser en gagnant justement en homogénéité et unité. Le groupe est formellement constitué mais son unité politique reste un processus »(rapport de discussion de Paris, 13/11/2014).

Nous pouvons considérer que la vie interne de notre groupe a connu deux moments ou périodes :
- le premier qui va de la Conférence jusqu’à décembre 2014 ;
- puis de décembre 2014 à nos jours (au moment où le rapporteur écrit).

On peut aussi s’interroger : est-ce que la “petite crise” que nous avons connue en janvier dernier avec les démissions conjointes de deux camarades ne marque pas une autre étape ? Heureusement, un de ces camarades est revenu sur sa décision. Par contre, l’autre camarade reste à ce jour sourd à nos appels et ne participe plus aux activités du groupe. Si nous pouvons considérer que les éléments d’une crise interne, ou plutôt d’une démoralisation collective, sont apparus alors, le rapporteur pense qu’ils ont été résorbés assez rapidement par la réaction de l’ensemble du groupe et de ses membres : après un moment de désarroi, voire de démoralisation naissante chez chacun d’entre nous (sans doute à des degrés divers) de l’annonce concomitante des deux démissions, la majorité des camarades a su réagir (courriers fraternels mais fermes sur le plan politique) et, rapidement, un camarade a su revenir sur sa décision. L’ensemble des camarades de Montréal et de Paris ont surmonté les effets démoralisateurs (tant au plan personnel du fait des relations d’amitié que politique) du retrait de l’autre camarade jusqu’à aujourd’hui Par ailleurs, dans quelle mesure le scepticisme ou la perte de confiance politique dans la perspective révolutionnaire et communiste dans les grandes masses prolétariennes qui affecte directement ou indirectement l’ensemble du camp prolétarien n’a-t-elle pas joué dans les démissions ?

Par contre, il est clair que la dernière démission affaiblit considérablement le groupe. Non pas tant parce que nous aurions deux bras en moins pour diffuser (même si son intervention à la réunion publique de la TCI a été un moment fort dans notre combat pour le regroupement et le parti), mais essentiellement parce que son dynamisme et ses réflexions ont toujours animé le groupe, ses débats et sa réflexion : nombre des avancées et clarifications que le groupe a réalisées – et avec lui les militants – l’ont été parce qu’il était à leur initiative. Contrairement à ce qu’il a pu affirmer rapidement dans tel ou tel mail, les questions soulevées par le camarade n’ont pas été une « perte de temps » mais un “gain de temps” si l’on considère que :
- les idées du camarade – comme toutes les idées des militants – ne sont pas les “siennes”, sorties de son cerveau, mais une expression particulière à un moment donné de positions et questions qui existent dans la classe – contrairement à ce que l’idéologie individualiste bourgeoise et petite-bourgeoise ne cesse de nous asséner ;
- tôt ou tard, ces questions auraient été posées sous une forme ou sous une autre et, bien souvent, lorsqu’elles sont tues ou mises sur le tapis, elles surgissent dans une période de crise ou d’intervention qui nécessite une réponse urgente.

À l’heure où nous écrivons (25 avril), ce camarade reste silencieux et refuse de discuter avec le groupe. Il ne s’agit pas de se précipiter d’autant qu’il peut se trouver dans une situation personnelle de démoralisation. Néanmoins, il faudra le revoir, essayer de le convaincre de ne pas couper tous les liens, voire de le gagner à l’idée que sa place est parmi nous.

La “bataille” politique pour des rapports de discussion

Malgré l’hétérogénéité due aux histoires et expériences différentes des deux noyaux, la dynamique et l’enthousiasme des camarades que la conférence avait fait naître a surtout permis que, dès décembre 2013, la section de Montréal a décidé de tenir des réunions hebdomadaires et de rédiger des rapports de discussion de chaque réunion. Le fait que le groupe ait pu se donner ce rythme de réunions et de rapports a été le vecteur principal de notre vie politique interne, de nos débats et de nos clarifications politiques collectives. Les rapports ont parfois souffert des difficultés liées à la retranscription écrite “après-coup” des interventions orales. Ces débats, intenses, souvent contradictoires, ont suscité quelques tensions et récriminations personnelles entre Montréal et Paris. Nous pouvons dire que le groupe n’a réellement intégré et compris cette “méthode de fonctionnement” qu’au bout d’un an. C’est le camarade S. qui résume bien nos difficultés sur ce point et qui tranche, positivement, le débat :

« Je crois qu’effectivement, nous ayons de la difficulté à bien nous comprendre (comme le dis votre rapport, nous ne “parlons pas le même langage”). Le dernier rapport de France est très critique. Cependant, ce n’est pas qu’une question de ne pas parler le même langage ; je crois qu’en plus, on n’a pas la même appréciation de la réalité. Il faut dire les choses comme elles sont : pour les CIK, la constitution du GIGC représente un fort bond en avant en terme de pratiques militantes et organisationnelles. Nous n’avons pas l’expérience des ex-camarades du CCI. Aussi, pour la FGCI, le GIGC représente possiblement le contraire : une espèce de retour en arrière dans le passé pour Jonas et Juan.
Par là, je ne dis pas que pour le noyau de France, le GIGC constitue une involution... Mais bien une nouvelle dynamique ou pratique organisationnelle à laquelle ils doivent s’ajuster : les choses n’avancent pas aussi vite du côté canadien puisque nous n’avons pas 40 ans de discussions et de débats dans notre bagage, et certainement pas la même homogénéité qu’en France. Là où vous voyez de réelles menaces à l’explosion éventuelle du groupe, nous continuons de voir des bonds en avant en termes de renforcement de notre cohésion et vie interne. Dans toutes les années où les CIK-CIM ont existé, nous n’avons jamais eu autant de débats qu’en un an avec le GIGC. La discussion la plus importante que nous ayons eu a été le début d’un rapprochement avec la FGCI : la Contribution et son retour critique [3]. C’est donc d’une évidence crasse que nous ne percevons pas les divergences de la même façon. Au moins, camarades, nous avons des débats et sommes en mesure d’y faire face.
Maintenant, en ce qui concerne le rapport et les questions soulevées.
En ce qui me concerne, les rapports de discussion sont nécessaires et représentent le moteur sur lequel le groupe peut s’appuyer pour avancer. »
(S., lettre du 3/12/2014).

Sur ce plan donc, le mandat donné par la conférence (lors de la discussion des statuts et sur le développement de la vie politique interne) a été rempli.

Il est à relever que nous avons appris aussi à débattre à partir de ce qui était écrit dans les rapports, en sachant qu’une intervention pouvait très bien être mal retranscrite et qu’elle pouvait être corrigée par la suite, mais que l’intérêt du groupe était de débattre quitte à prêter à un camarade des propos ou une idée qu’il n’a pas émis (au risque de provoquer des tensions personnelles) et quitte à "polariser" les débats afin de tirer un maximum des questions soulevées (en gardant mesure bien sûr et en se centrant sur les questions centrales).

Néanmoins, l’isolement de plusieurs camarades (dont Jonas par ailleurs physiquement très affaibli) et la réduction de membres de la section de Montréal rend plus difficile l’effort permanent pour maintenir un rythme hebdomadaire alimentant la vie et les débats internes. Le risque de se relâcher est permanent. Tout comme la difficulté à faire vivre les réunions en les préparant à l’avance. Cela nécessite aussi des efforts individuels qui requièrent non pas tant “plus de travail” mais une préoccupation permanente. C’est ce que rappelait avec raison la lettre du camarade Steve sur “le travail artisanal” du 14/02/2014.

Donc, il ne faut pas considérer que les réunions hebdomadaires et les rapports sont un acquis définitif : les deux restent un combat quotidien et permanent de chacun des membres pour faire vivre notre collectif. En particulier, les membres isolés doivent essayer de prendre position régulièrement, toutes les semaines si possible, par écrit sur les rapports envoyés par Montréal. Non seulement cela doit leur permettre de ne pas rester isolés et d’entretenir leur réflexion politique mais aussi d’alimenter la vie et les débats des réunions du noyau de Montréal. Le rapporteur estime que ce combat collectif et individuel pour le maintien et le renforcement de ce rythme sur la base des réunions hebdomadaires de Montréal est une priorité pour la période à venir.

L’utilisation des réseaux sociaux et le fonctionnement interne

Le premier débat qui a véritablement cristallisé les désaccords politiques liés à nos expériences différentes et provoqué beaucoup de tensions personnelles a été celui sur l’usage de Facebook et des réseaux sociaux. Face à la très forte – et surtout croissante – réticence de Paris, les tensions se sont accrues d’autant plus que les camarades de Montréal étaient tous des utilisateurs presque permanents, à titre personnel, de Facebook. Très vite, le fait que des camarades tendaient à ne pas distinguer clairement dimension personnelle et dimension politique sur “leur” Facebook a non seulement révélé des divergences de compréhension du rapport vie militante-vie personnelle pour les militants mais aussi de fonctionnement interne : en effet, c’est l’expression du groupe comme un tout qui prédomine et les expressions (et initiatives) politiques individuelles ne peuvent qu’être sous son contrôle et à partir du processus interne d’homogénéité politique. Ce “contrôle” est le seul moyen pour garantir au mieux que les initiatives personnelles soient le plus "positives" possibles.

Par ailleurs, un débat est aussi apparu autour d’une vision selon laquelle les réseaux sociaux pouvaient aussi être des moyens de l’extension des luttes.
Finalement, notre attitude et usage des réseaux sociaux ont été clarifiés et tranchés par le groupe qui a adopté la position exprimée dans l’article de la revue #3.

La “bataille” politique contre les concessions au démocratisme et à l’individualisme en notre sein

Derrière ce débat difficile mais fondamental pour le devenir du groupe et son développement, l’usage inconsidéré de Facebook et de son mode de communication instantané, immédiat et émotionnel, sans réflexion… collective et méthodique, a révélé en notre sein des concessions aux idéologies démocratique bourgeoise et individualiste dont Internet est devenu un des principaux vecteurs.

L’épisode de l’échange personnel (dans des posts successifs), mais politique, avec K. qui venait de démissionner de la TCI sur un Facebook personnel dans lequel un camarade s’était laissé entraîner, a été un moment très important, nous semble-t-il, dans le combat contre les illusions démocratiques et individualistes en notre sein qui a permis à l’ensemble des camarades à la fois de reconnaître où pouvaient nous mener les concessions à ces idéologies et en même temps à renforcer notre unité politique. En cette occasion, nous pensons que le groupe a franchi un cap fondamental renforçant son unité et son homogénéité politiques.

3) La question de l’intervention

Nous avons déjà évoqué la proposition émise en novembre 2014 pour faire des “feuilles d’agitation”. Il convient de revenir sur les arguments qui avaient été avancés à l’époque. L’argumentation pour cette proposition émettait de fait une critique de la revue ou, pour le moins, une conception de la publication différente entre les deux noyaux d’origine du groupe et une conception différente de l’intervention dans la classe ouvrière :

« C’est une revue qui s’adresse surtout au regroupement. Ensuite, parce que vendre ce genre de revue dans une manif, à des prolos, c’est un peu bête : on utilise des concepts en général qui ne sont pas maîtrisés par les travailleurs. Il propose qu’on publie plutôt, éventuellement, un feuillet d’agitation – un peu comme le fait le GIO … – pour intervenir dans les luttes. Donc, au lieu de publier plus souvent une revue théorique qui s’adresse au regroupement, on pourrait continuer à publier la revue deux fois l’an, avec des articles à publier en feuillet pour intervenir dans des manifs »(rapport de Montréal du 27/09/2014).

Nous pouvons nous interroger dans quelle mesure la vision portée alors par les camarades correspondait au mandat que la conférence avait donné pour la revue :

« En conséquence, le GIGC décide de se doter d’une revue papier internationale, Révolution ou Guerre,- semestrielle dans un premier temps - qu’il diffusera le plus largement possible afin de pouvoir mener son intervention générale sur une base régulière en vue de développer une présence politique à la fois internationale et locale quand c’est nécessaire et là où il le peut. » (pt 2 de la Résolution sur la constitution du GIGC).

De manière immédiate et suite à ce débat, nous avons adopté la possibilité d’accompagner la diffusion de la revue avec soit un article de la revue sur une feuille-tract que nous donnons, soit d’un tract ou communiqué existant. Mais, à notre connaissance, la discussion autour de ces arguments ne s’est jamais vraiment développée. Selon le rapporteur, ils sont à rejeter (cf. le rapport de Paris du 30/09/2014) et révèlent une vision différente de la revue et plus largement de l’intervention dans “les grandes masses de la classe ouvrière”. En particulier, nous n’avons pas une vision “individualiste” de la classe et de l’intervention en son sein. Elle n’est pas une somme d’individus mais une classe sociale, exploitée et révolutionnaire, qui dépasse et “transcende” les individus la composant. Dans ce sens, nous ne nous adressons pas, et la revue non plus, à une catégorie particulière de la classe mais à la classe comme un tout.

Nous avons aussi abordé à plusieurs reprises le rapport entre vie interne et intervention. Juan, seul à Paris, a soulevé cette question en terme de priorité selon les moments et la situation immédiate (et locale) : privilégier la vie interne à l’intervention immédiate pour développer l’intervention générale et historique du groupe. Privilégier ou rendre prioritaire un des deux termes ne signifie pas ignorer l’autre terme bien sûr, ni exclure que le rapport ne puisse se renverser en certaines occasions. À plusieurs reprises des camarades ont émis la crainte, voire la critique, que cette vision fasse que le groupe se replie sur soi et vive en vase clos.

Il conviendra que cette discussion se développe d’ici à la réunion générale afin que nous puissions avancer dans notre compréhension collective sur l’intervention et sur l’orientation à donner à la revue.

Malgré ces divergences de conceptions, nous pensons que, globalement, le groupe et ses militants ont su se mobiliser pour les interventions publiques lorsque c’était nécessaire et possible (diffusion de la presse et des tracts, réunions publiques, prises de parole, etc.). Il est évident qu’il y a des manques et que nous pourrions faire “plus”. Distinguer ce qui appartient à des limites “objectives” en terme de forces militantes et de disponibilités collectives et individuelles et ce qui appartient aux hésitations, doutes, esquives, individuels et collectifs, face à la mobilisation et à l’effort que représentent les interventions est nécessaire même si c’est difficile. La plupart des camarades étant seuls dans leur ville – y compris à Montréal, les camarades ne peuvent intervenir collectivement que rarement semble-t-il –, nous sommes bien souvent livrés à nous-mêmes ce qui rend plus difficile encore la mobilisation pour l’intervention. De ce point de vue, la rédaction de compte-rendu d’intervention (au minimum oraux en réunion de Montréal, écrits partout ailleurs) doit devenir une pratique régulière afin que l’ensemble des camarades puissent à la fois se prononcer sur l’intervention réalisée, soutenir le camarade qui l’a accomplie et renforcer sa propre conviction militante tout comme sa confiance dans la capacité du groupe comme tel, à travers bien souvent un seul militant, d’intervenir correctement et avec détermination.

Néanmoins, nous avons su nous mobiliser à l’occasion des luttes ouvrières et des manifestations de rue qui pouvaient avoir lieu là où nous vivons. Et ainsi diffuser la revue et les tracts. Il en a été de même à l’occasion des réunions publiques des groupes politiques. En particulier, la qualité de nos interventions aux réunions de la TCI au Canada ont représenté un moment très important à la fois pour notre intervention et pour nos relations vis-à-vis de cette organisation.

Reste la question des ventes de la revue qui est faible. Certes, nul doute que l’ensemble des publications communistes sous forme papier se vendent de plus en plus mal (cf. l’AG de BC [4]). Pour autant, l’effort de diffusion est essentiel pour pouvoir développer une présence politique et rassembler autour de nous. Faisons-nous suffisamment d’effort pour diffuser la revue ? Il s’agit là d’un combat collectif et individuel permanent qui fait appel à nos convictions politiques et militantes : comprendre la signification politique du développement d’une présence politique dont la diffusion de la presse et des tracts est une composante – les autres étant les réunions publiques, les rencontres avec les contacts, etc...

4) L’évolution du camp prolétarien et notre intervention

« Le GIGC reprend à son compte l’accord politique auquel étaient arrivés les CI-K et la FGCI dans leur débat sur l’état du camp prolétarien et qui définit notre analyse de ce camp et notre intervention en son sein. En particulier, l’intervention vise à participer au combat pour le regroupement des forces communistes en vue de la constitution du parti mondial du prolétariat. Ce combat pour le parti communiste exige aujourd’hui à la fois de pousser au regroupement et à la polarisation autour de la Tendance communiste internationaliste et à lutter contre les manifestations de l’opportunisme et de sectarisme au sein du camp ; tout spécialement contre les tendances ’anti-parti’ et a-politiques. » (Résolution sur la constitution du GIGC).

Dans ce rapport, nous prenons pour acquis l’accord des camarades avec notre analyse et nos orientations générales telles que le texte adopté par la conférence Retour critique…(RG #3) les définit. Depuis la conférence, le camp prolétarien a connu deux moments particuliers, tous les deux en 2014, et auquel nous avons été directement confrontés : les doutes et hésitations de la TCI face à la constitution du GIGC ; la dernière crise interne du CCI et ses conséquences. Selon le rapporteur, ces deux événements ne changent pas notre analyse et nos orientations générales. Par contre, ils manifestent une certaine évolution de la situation qui a exigé que nous adaptions notre orientation principale ; c’est-à-dire celle vis-à-vis de la TCI.

Les “partidistes” et la TCI

Dans un premier temps, des doutes et des questionnements en notre sein sont réapparus quant au rôle de pôle de regroupement de la TCI et surtout quant à l’intervention concrète que nous devions avoir vis-à-vis de cette organisation. En particulier, nous avons eu des difficultés pour comprendre que nous ne devions pas nous adresser au GIO (le groupe adhérant en Amérique du Nord) mais à la TCI comme un tout ainsi qu’à situer notre intervention sur le long terme. Il nous semble que cette approche a été comprise, du moins intégrée, à partir précisément de notre réaction à la lettre de la TCI d’août 2014 qui critiquait la constitution de notre groupe. Cette lettre représentait une étape, négative, et nécessitait une adaptation de notre orientation en fonction de la nouvelle situation ainsi créée. Nous avons donc décidé de :
- continuer « à soutenir la TCI lorsqu’elle développera des prises de position et des interventions justes, par exemple en reprenant ses articles, ou tracts, sur notre site web, voire dans des diffusions (...) » ;
- développer « nos critiques fraternelles – c’est-à-dire en soulignant nos points fondamentaux d’accord – sur des questions théoriques, politiques et même "organisationnelles" (...) » ;
- critiquer « fermement et publiquement, en fonction de nos orientations et priorités générales d’intervention, les positions et les "aventures" de type gauchiste que la TCI (ou certaines de ses parties) peuvent développer parfois [5] » (Lettre à la TCI du 15 octobre 2014).

Nous appelons la réunion générale à se prononcer sur cette adaptation de notre orientation.

Même si l’attitude de la TCI est restée fraternelle et si elle semble avoir mieux compris le sérieux de notre intervention depuis lors, notre nouvelle orientation reste complètement d’actualité. En conséquence, la réunion générale doit tirer un bilan positif de notre intervention tant dans la première période (jusqu’en octobre 2014 et notre réponse) que depuis.

Dans le camp dit “partidiste” (outre la TCI), il convient de rester attentif aux groupes bordiguistes : particulièrement Le Prolétaire-Proletarian (Programme communiste). Ces groupes continuent à développer, à partir et dans le cadre des positions programmatiques “bordiguistes”, des prises de position de classe et à situer les enjeux de la situation par rapport à l’alternative historique 3e guerre impérialiste mondiale ou révolution prolétarienne. Bien souvent sur les événements immédiats, nous nous retrouvons du même côté de la barricade de classe (cf. les indignés par exemple ou aujourd’hui “nuit debout”). De ce point de vue, ils portent et affirment clairement et fortement la perspective révolutionnaire.

Par ailleurs, des groupes divers à l’échelle internationale apparaissent et disparaissent. Dans la mesure de nos possibilités (nous n’avons pas les capacités pour jouer le rôle de pôle de regroupement international), nous avons réussi à développer certaines correspondances avec tels groupes ou cercles. Néanmoins, notre effort est sans doute insuffisant ; ne serait-ce que parce qu’il est laissé à la charge d’un seul camarade et n’est pas pris en charge par le groupe comme tel : il faudrait au minimum définir des mandats. Mais nous attirons l’attention des camarades sur un groupe comme Robin Goodfellow qui intervient de plus en plus et que nous rencontrons régulièrement. Ce groupe qui était typiquement dans la mouvance “académiste” sur des bases bordiguistes, s’inscrit aujourd’hui de plus en plus dans les mobilisations ouvrières et les débats de la Gauche communiste.

Le CCI et sa crise interne

Dans un premier temps, l’ensemble des camarades s’étaient prononcés en accord avec la publication de l’Appel face à la crise interne du CCI, en accord avec son contenu et avec son opportunité. Ce n’est que dans un second temps que la question de l’urgence pour le publier avant la date de leur conférence a été soulevée tout comme des doutes sur sa forme et son contenu. Il serait bon que nous puissions faire un bilan de cette intervention – non pas en soi vis-à-vis du CCI mais parce que nous nous retrouverons demain devant d’autres situations du même genre et, surtout, qui demanderont des réponses urgentes.

Le rapporteur estime que nous avons eu raison de le publier aussi rapidement. Non parce que nous pouvions en attendre un résultat immédiat, à savoir l’émergence d’une réaction de classe en son sein, mais parce qu’il convenait d’une part d’alerter l’ensemble du camp prolétarien et du camp révolutionnaire qui auraient pu ainsi à leur tour intervenir ; et d’autre part, à un niveau moindre, saboter le travail des liquidationnistes du CCI qui entendaient faire leur petite cuisine dans leur coin, en silence, à l’abri des regards.

Selon le rapporteur, aujourd’hui, l’état du CCI, ses publications, ses prises de position, son activité, la disparition de sections entières, les démissions en cascade, la démoralisation des derniers militants, bref son état croissant de déliquescence, vient ô combien justifier notre Appel, son contenu et son timing. Sa dégénérescence et la démoralisation de ses membres – expression et produit de la première – se manifestent particulièrement par la perte de confiance progressive dans les potentialités révolutionnaires du prolétariat et dont la théorie de la décomposition a été, elle-aussi, le résultat et ensuite facteur actif.

La mouvance "conseilliste"

Ce milieu, qu’il soit dans l’aire “anglo-saxonne” (libcom par exemple) ou bien encore europeo-parisiens (beaucoup d’anciens du CCI ; Controverses par exemple), n’accepte pas nos critiques, nous ignore et même développe une relative hostilité. Nous continuons à penser qu’il représente aujourd’hui l’aile droite opportuniste du camp, quand ce n’est pas purement des “ex-croissances” anarchistes et anarchisantes, et que nous avons peu à en attendre sinon une opposition systématique. Bien souvent ses membres sont assez démoralisés du point de vue militant du fait de leur expérience organisationnelle passée et ont perdu leur confiance dans le prolétariat au point de s’enthousiasmer pour toute nouveauté du type les indignés pour ensuite retomber dans leur léthargie.

Néanmoins, il faut observer qu’il est d’autres conseillistes qui peuvent exprimer des dynamiques différentes de celle “des anciens” marquée par le passé. Par exemple, on ne peut exclure que dans l’aire anglo-saxonne, aux États-Unis ou au Canada, des groupes ou cercles apparaissent à partir de positions conseillistes (Pannekoek) et présentent une dynamique de clarification et de regroupement révolutionnaire. En Europe, et à ce jour, ces cercles sont souvent influencés par le “modernisme” : le GARAP par exemple. Pour autant, c’est un groupe qui développe une activité certaine dans les luttes (dont le contenu est à vérifier à ce jour) et qui participe aussi aux AG et comités interpro parisiens en se situant – pour ce que nous en avons vu – du bon côté des différentes barricades.

Vers une reconfiguration du camp prolétarien

De manière plus générale, il conviendrait, dans la mesure de nos forces, d’établir un état du camp révolutionnaire et du camp prolétarien. La situation historique pousse à la réflexion des minorités révolutionnaires et à leur responsabilité. Elle tend à faire émerger les questions et les contradictions mises sous la table parmi et au sein des groupes. La déliquescence actuelle du CCI provoque, de manière souterraine, et va provoquer de plus en plus ouvertement, un vide à combler ; de même, l’évolution de la situation et l’actualité croissante des enjeux historiques ne peuvent qu’aider le “camp partidiste” et son axe principal, la TCI, à se confronter aux hésitations et doutes qui peuvent exister en son sein, à dépasser les restes de sectarisme qui perdurent encore et à affirmer encore plus clairement, c’est-à-dire concrètement dans la lutte des classes, la perspective révolutionnaire et communiste aux yeux du prolétariat comme un tout. La situation pousse aussi à ce que de nouvelles forces surgissent et, même, que certaines déjà existantes, sortent de leur torpeur (groupes bordiguistes) ou s’élèvent à la hauteur des exigences (Robin Goodfellow ?).

Après des décennies de conformation (relativement) stable, le camp prolétarien vit une situation qui annonce et préfigure une reconfiguration que la situation historique va accélérer. Nous devons être un facteur actif de cette reconfiguration en menant de manière cohérente et décidée le combat pour le parti contre les tendances conseillistes et l’opportunisme et en situant ce combat sur le long terme. Pour cela, nous devons considérer le camp prolétarien et toutes ses composantes organisationnelles comme une partie de nous-mêmes. Nous devons considérer la vie interne de chaque groupe aussi comme de notre responsabilité, comme une partie de notre vie interne.

5) Les débats en cours et à développer

Que ce soit sur le plan du fonctionnement interne ou sur le plan des orientations vis-à-vis du camp prolétarien, les questions théoriques et politiques sous-jacentes ont été en grande partie clarifiées et tranchées. On peut clairement dire que la première année du GIGC a représenté une première période de mise en place du groupe et de la clarification de questions de fond indispensable à son fonctionnement régulier et sans laquelle le groupe n’aurait pas vécu très longtemps.

À partir de janvier 2015, globalement, les débats deviennent plus apaisés dans la mesure où ils tendent de plus en plus à se situer dans le cadre de nos principes politiques et organisationnels. La période 2013-2014 a vu une seule ligne de confrontation, d’opposition, des débats séparer régulièrement Montréal et Paris, les deux encore marqués par leurs passés respectifs, les CIK et la FGCI-FICCI, l’expérience particulière des camarades de France et les questionnement des camarades du Canada. À partir de 2015 les débats et les oppositions n’opposent plus systématiquement les deux anciens noyaux et ne renvoient plus à des questions de principe politique et organisationnel. C’est là la manifestation d’un état d’homogénéité politique que le groupe comme un tout a réussi à atteindre au bout d’un an. Cette dynamique d’homogénéité politique ne s’est pas démentie depuis lors. Les débats sur le cours historique, sur l’analyse de la lutte des classes, sur les rivalités impérialistes, le débat sur la conscience de classe qui commence à peine, expriment particulièrement le niveau d’unité politique que le GIGC a atteint.

Il n’en reste pas moins que, malgré son dynamisme (et compte tenu de la pression idéologique bourgeoise permanente), le groupe reste fragile :
- les démoralisations des camarades sont favorisées par le faible nombre de militants et leur relatif isolement. La faiblesse numérique est un fait “objectif” qui fragilise et qui exprime aussi le fait que les révolutionnaires sont touchés par la faiblesse de l’étendue de la conscience de la perspective communiste dans les rangs prolétariens ;
- la prise en charge des débats par l’ensemble des camarades et “noyaux” n’est pas encore suffisamment assumée et se trouve, malgré une conscience collective accrue, handicapée par l’absence de véritable section qui puisse servir de foyer, de facteur central actif, de la vie politique du groupe ;
- de même, la prise en charge de la revue n’est pas suffisamment collective, tant dans sa réalisation politique et technique, que dans son suivi et le soutien politique.

Il semble au rapporteur que c’est précisément sur les deux derniers points que le groupe doit aujourd’hui se concentrer et porter ses efforts.

Conclusions

C’est donc un bilan positif des activités du groupe que ce rapport demande à la réunion générale de discuter et de tirer. Presque 3 ans après sa constitution et malgré un certain isolement, peu de militants, peu de sympathisants actifs, notre groupe s’est imposé comme un groupe à part entière de la Gauche communiste et sa présence politique régulière dans le camp révolutionnaire, la cohérence de ses orientations politiques, et sa capacité de réaction, apporte du crédit à l’organisation politique et à la Gauche communiste. Malgré notre isolement et nos faibles forces, il n’en reste pas moins que nous sommes aujourd’hui parmi les rares expressions politiques de la Gauche communiste en Amérique du nord et une des plus fréquentes et régulières en Europe. Mieux même, sur nombre de questions et à l’occasion d’événements de la lutte des classes et de la situation, y compris du camp prolétarien, nous nous sommes retrouvés au centre de la réaction du camp communiste et un de ses principaux facteurs actifs tout en assumant, à l’échelle de nos forces, notre rôle d’avant-garde politique du prolétariat tant vis-à-vis de la classe que du camp révolutionnaire dans son ensemble. Le mandat donné par la Conférence a bien été rempli et la revue le manifeste clairement.

N’en reste pas moins une certaine fragilité “objective ” due à la fois à la situation historique – aux difficultés du prolétariat pour retrouver la voie révolutionnaire du communisme – et aux faiblesses particulières du camp prolétarien. C’est dans cette situation et ce milieu, les deux appelés à changer sans doute de manière brutale, que nous devons faire vivre notre groupe et développer sa présence en vue d’être un facteur actif du combat pour le parti. Pour cela, tout en étant vigilants et présents dans les combats quotidiens, nous devons inscrire l’ensemble de nos activités dans une vision de long terme – la seule par ailleurs qui nous permette réellement d’être le plus présent et efficace dans les combats quotidiens. En particulier, il convient d’intégrer le rapport dynamique permanent entre vie interne et intervention en sachant qu’aujourd’hui, et en dernière instance, c’est la vie interne (y inclus comprise comme vie interne du camp prolétarien) qui définit l’intervention, contenu et niveau, et en garantit le contenu de classe et la régularité tout comme la possibilité d’accélération. Pour le rapporteur, c’est encore la dimension vie politique interne qui reste déterminante pour le renforcement et le développement du groupe et de son unité (les différents noyaux doivent encore resserrer leur lien, en particulier Toronto et Montréal). Dans ce sens, le débat et la clarification que nous devons entamer sur la conscience de classe doit nous permettre non seulement d’approfondir notre compréhension de la dynamique de développement de la lutte révolutionnaire du prolétariat, la place première de la dimension politique dans le combat de classe, le rôle de direction politique du parti, le combat des organisations communistes dans la lutte des classes et dans le combat pour le parti, mais aussi l’activité et le fonctionnement des petits groupes communistes d’aujourd’hui comme le nôtre.

Avril 2016.

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Notes:

[2. Due principalement aux difficultés avec le GIO, groupe canadien de la TCI, hostile dans un premier temps à la création d’un autre groupe de la Gauche communiste à Montréal.

[3. Il est ici fait mention du débat entre les CIK (ex-communistes internationalistes de Montréal) et la Fraction de la Gauche Communiste Internationale sur l’analyse et l’intervention dans le camp prolétarien (cf. le site de la FGCI : http://www.fractioncommuniste.org/fra/bci04/bci04_3.php ; et notre site : http://igcl.org/Retour-critique-sur-une

[5. Nous faisions alors référence à certaines prises de position et interventions du GIO.