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Afghanistan : la tragédie afhane entre nationalisme taliban inhumain et barbaries de l’impérialisme américain (TCI, 15 août 2021)
Nous reproduisons ci-après la prise de position du 15 août de la Tendance Communiste Internationaliste, le jour même où les talibans entraient dans Kaboul. Nous invitons aussi nos lecteurs à prendre connaissance de la seconde prise de position – en anglais – adoptée par la TCI [1] qui vient compléter la première. La défaite américaine en Afghanistan rend l’America is back de Biden encore plus urgent pour l’impérialisme américain. Loin d’un moment vers la paix, le retrait catastrophique militaire américain et de l’OTAN n’est qu’un moment de plus de la dynamique vers la guerre impérialiste généralisée que le crise du capital accélère chaque fois plus. La dénonciation des impérialismes et la mise en avant, en conclusion, qu’en l’absence de réponse du prolétariat international à la crise du capital les rivalités et guerres impérialistes ne peuvent que s’accroître toujours plus – et avec elles massacres et drames pour des millions d’êtres humains – font de ce document une prise de position de classe que nous reprenons à notre compte. Lorsque c’est possible, et surtout lorsqu’il s’agit de défendre l’internationalisme prolétarien, que les groupes communistes puissent parler d’une seule voix, à défaut de parler d’une voix unie, est de la plus haute importance.
Afghanistan : la tragédie afghane entre nationalisme taliban inhumain et barbaries de l’impérialisme américain (Tendance Communiste Internationaliste)
Le récit populaire sur le retrait américain d’Afghanistan dit que Washington en est assez d’être le gendarme du monde, que ses propres soldats se fassent tuer aux quatre coins du globe et de dépenser des milliards de dollars pour financer les opérations de l’OTAN. Rien ne pourrait être plus éloigné de la vérité. Les États-Unis se retirent non pas parce qu’ils ont atteint leurs objectifs, comme le prétend Biden, mais parce qu’ils ont été vaincus. Après 20 ans de guerre, plus de 2 000 morts et 2 000 milliards de dollars de dépenses militaires sans obtenir le moindre avantage impérialiste, ils se sont retirés, laissant le champ libre aux talibans sur le front intérieur et à la Chine, la Russie et la Turquie sur la scène internationale. Ceux qui soutiennent les thèses selon lesquelles le désengagement américain, y compris le plan de ’stratégie de sortie’ de l’Afghanistan, sont une solution tactique contre la Chine, se trompent lourdement. Il est vrai que la Chine est l’objectif stratégique n°1, tant dans l’immédiat que pour l’avenir, mais le Pentagone n’a plus la force qu’il avait il y a quelques décennies. L’économie américaine ne domine plus le marché mondial comme autrefois, sa balance des paiements avec les pays étrangers est dans le rouge profond. La crise des faibles taux de profit, c’est-à-dire la faible valeur du capital investi de manière productive, a favorisé la spéculation et déprimé l’économie réelle, de sorte que le coût à payer pour être le gendarme dans le monde, c’est-à-dire le coût du maintien du premier pays impérialiste de l’univers, commence à être insoutenable. Il est donc préférable de se retirer des zones dangereuses qui ne peuvent être que des défaites (Irak, Syrie et Afghanistan) pour se concentrer sur des objectifs plus limités mais stratégiquement plus importants comme la Chine. C’est bien différent du discours mentionné précédemment. Mais ce faisant, le retrait américain d’Afghanistan permet à Pékin d’établir des accords avec les talibans, qui n’interviendront plus dans la lutte contre les musulmans ouïgours de la province chinoise du Xinjiang, en échange d’une reconnaissance politique et de financements ’généreux’ pour la reconstruction économique de l’Afghanistan après trente ans de guerre. En outre, les produits énergétiques russes ont désormais plus facilement accès à la Chine et l’Inde, et la Turquie peut se présenter comme un puissance indispensable pour toute négociation en Asie centrale, en convoquant les talibans et leurs opposants à Istanbul, pour une solution ’définitive’. Le peuple afghan, la situation des femmes, importent peu à Biden. Ayant perdu la possibilité de soutenir un gouvernement allié et vassal, le président américain a donné l’ordre de fuir, mobilisant des milliers de soldats pour la dernière et honteuse campagne d’Afghanistan. Même les impérialismes, lorsqu’ils sont en difficulté économique et vaincus, se trompent dans leurs stratégies ou sont contraints à l’erreur. Sur le terrain d’une réponse de classe prolétarienne, malheureusement il n’y a rien, tout manque. C’est pourquoi la tragédie afghane oscille entre le nationalisme taliban inhumain et la barbarie de l’impérialisme américain.