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Face au terrorisme et à la guerre impérialiste, les travailleurs en grève en Belgique ce lundi 23 novembre donnent la seule et unique réponse : la lutte ouvrière, la lutte de classe ! (23/11/2015)

Ce lundi matin, grèves ouvrières en Belgique. Malgré un week-end "d’alerte anti-terroriste maximale" en Belgique (c’est-à-dire de l’état de siège), malgré les rues et places de Bruxelles et autre ville belges vidées de tout passant par la police et les blindés de l’armée, malgré l’état d’alerte et de peur généralisé à tous les pays européens, malgré la campagne médiatique assourdissante – transformant l’émotion et la tristesse immenses face aux massacres de Paris en des appels à l’union nationale et à la guerre contre "les barbares" –, malgré les avertissements sur la menace d’attentats à Bruxelles et dans le pays, et donc l’interdiction de tout rassemblement "populaire", des grèves et autres manifestations ont lieu depuis ce matin dans plusieurs régions et villes du pays « contre les mesures d’économies du gouvernement fédéral » .

« Il n’y a ni bus ni métro sur les lignes de transports en commun [à Charleroi]. (…) Un tiers des conducteurs de trains du dépôt de Charleroi était en grève vers 06h45 (…) Plusieurs trains sont à l’arrêt en gare de Tournai. (…) En Flandre, la grève impacte les lignes ferroviaires reliant Binche et Turnhout, Charleroi et Anvers ainsi qu’Anvers et Nivelles (…). La direction des TEC [l’entreprise publique de transport de la région de Wallonie] Charleroi a constaté que certains agents avaient placé des bus en travers des entrées des dépôts. (…) La grève est par ailleurs totale au dépôt TEC de Tournai »… (Le Soir, journal belge, 23 novembre 2015).

Voilà la seule et unique réponse, véritable – c’est-à-dire de classe –, à la barbarie capitaliste qui incendie le monde entier. Au terrorisme, aux attentats, à la guerre impérialiste et à l’union nationale qui ne peuvent que mener à plus d’attentats, de terreur, de guerres jusqu’à la guerre généralisée, à une 3ème guerre mondiale, il faut opposer la lutte de classe, c’est-à-dire la défense de nos conditions de vie et de travail, contre l’exploitation. Non seulement parce qu’elle permet de limiter l’aggravation inéluctable de l’exploitation et de la misère mais aussi parce que, ce faisant, elle peut ouvrir la voie à la destruction du capitalisme et à la perspective d’une autre société sans misère, ni guerre. Il n’est d’autre alternative à la barbarie capitaliste.

Les travailleurs en grève en Belgique ce matin, qu’ils en soient tous conscients ou non, rejettent les appels à l’union (et discipline) nationale, aux sacrifices et à la mobilisation guerrière pour la défense de la nation et de l’État démocratique. Ils refusent le faux dilemme, le piège dans lequel on veut enfermer le prolétariat mondial : choisir entre démocratie et terrorisme. Ils y opposent leurs intérêts spécifiques de classe. Et ils ont raison : la démocratie bourgeoise a enfanté et nourri le terrorisme des Al Qaida et autres IS (Daesh) depuis des décennies – CIA en tête. Le capitalisme, c’est la guerre impérialiste et… le terrorisme est devenu un moyen, un moment, de celle-ci utilisé directement ou indirectement par toutes les puissances étatiques, grandes, moyennes et petites. Terrorisme et capitalisme, guerre et démocratie, ne sont pas opposées mais se nourrissent l’un l’autre.
La crise économique du capital qui s’aggrave inéluctablement provoque aussi bien la misère et l’appauvrissement généralisés que l’exacerbation des rivalités et des guerres impérialistes – et du terrorisme. Crise capitaliste et guerres impérialistes s’alimentent aussi l’un l’autre.

Quel que soit le développement à venir des grèves de Belgique de ce matin, quelles que soient leurs limites, elles montrent la voie à suivre. La bourgeoisie ne s’y trompe pas : « "C’est du grand n’importe quoi", a peste Carlo Di Antonio, Ministre wallon des Transports et de la Mobilité » [1] et l’ensemble de la presse européenne garde le silence total sur ces grèves. N’en doutons pas, la pression doit, à l’heure même où nous écrivons, devenir forte, via les syndicats organisateurs "officiels" de la journée d’action, sur les ouvriers pour qu’ils abandonnent leur combat "vu les circonstances". Dans la région de Namur, le syndicat FGTB a « estimé, en tant qu’organisation responsable, qu’il valait mieux annuler ces rassemblements publics qui demandent une certaine mobilisation de la police lorsque les forces de l’ordre ont une pression maximale » (Le Soir). Mais dans nombre d’autres villes et régions, ils n’ont pas réussi – à cette heure et malgré plusieurs jours "d’alerte anti-terroriste" – à empêcher les ouvriers de faire grève. Cela est d’importance et en dit long sur la combativité ouvrière en Belgique. Souvenons-nous qu’il y a un an exactement, les travailleurs de Charleroi, de Liège et de Wallonie étaient en grève sauvage [2] et que les syndicats avaient le plus grand mal à contrôler la reprise du travail et la manifestation massive du 6 novembre de Bruxelles qui s’était terminée par des affrontements violents mettant au prise dockers d’Anvers, métallos de Wallonie, et la police anti-émeute. De toute évidence, la combativité ouvrière reste forte malgré la censure sur les luttes et les matraquages médiatiques.

L’enjeu politique entre les classes, ce qui se joue en ce moment même au niveau international et particulièrement européen, est le suivant : est-ce que la guerre et les attentats, les campagnes médiatiques anti-terroristes et les mesures répressives adoptées [3] vont réussir à faire taire toute mobilisation ouvrière et même à faire reculer la défiance de classe, plus ou moins massive, qui subsiste vis-à-vis des États, démocratiques ou non, et du capitalisme ?
Les grèves de ce matin en Belgique donnent une toute première réponse, insuffisante encore bien sûr pour préjuger de l’issue finale de cette bataille. Mais, surtout, elles montrent la voie à suivre.

Voilà pourquoi il appartient aux groupes communistes d’informer le prolétariat mondial autant qu’ils le peuvent de l’existence de ces grèves aujourd’hui même et d’essayer de fournir des orientations politiques et des mots d’ordre qui puissent être repris et suivis. Les luttes de ce matin ont un sens politique particulier qui, sans doute, les dépasse. Elles se déroulent précisément dans un moment où les bourgeoisies nationales, tout en défendant les unes contre les autres leurs intérêts impérialistes, sont unies pour mener une offensive idéologique, politique, économique et répressive contre la classe ouvrière. Car, ne nous y trompons pas, pressée par l’impasse économique et historique du capitalisme, la bourgeoisie internationale a "deux fers au feu" si l’on peut dire : s’engager de plus en plus dans les guerres impérialistes d’une part ; et d’autre part mener la guerre de classe contre le prolétariat. Voilà ce qu’avaient annoncé les attentats parisiens de janvier contre Charlie Hebdo et la réaction des États et gouvernements. Ils ouvraient une nouvelle période. Les attentats de novembre et leur utilisation internationale, par toutes les principales bourgeoisies – combien de Marseillaise ont-elles été jouées dans le monde dans les stades de foot et salles de concert ? – confirment à la fois la plongée dans les guerres et l’urgence à vaincre, idéologiquement et politiquement, la classe ouvrière et lui imposer un minimum de discipline et d’adhésion à l’union nationale et à la défense de la démocratie bourgeoise.

Les grèves de ce matin, encore une fois quelles que soient leurs limites et leurs devenirs immédiats, confirment que la bourgeoisie devra surtout défaire les ouvriers sur le terrain de la lutte des classes, sur le terrain économique, et leur imposer une défaite physique avec une répression massive. La bourgeoisie mène de concert deux guerres qui ne peuvent que s’aggraver : l’une contre ses rivaux impérialistes et l’autre contre le prolétariat. L’enjeu final – historique – est le suivant : révolution prolétarienne ou guerre impérialiste généralisée (au risque que l’humanité soit anéantie à jamais).

Face à la terreur capitaliste, les ouvriers de Belgique montrent la voie :
Non à l’unité nationale ! Non au terrorisme et aux guerres impérialistes !
Oui à la lutte de classe ! Solidarité active avec les grévistes ! Refusons l’austérité et les sacrifices !
À bas le capitalisme, sa misère et ses guerres ! Non à la guerre impérialiste généralisée 
 !

Le Groupe International de la Gauche Communiste, 23 novembre 2015.
(www.igcl.org, intleftcom@gmail.com)

Post-scriptum du 26 novembre :

Depuis ce lundi matin – et à notre connaissance –, la censure des médias internationaux a été totale sur ces grèves et les sites web des journaux belges ont cessé toute information dès l’après-midi. De toute évidence, une fois la journée d’action syndicale terminée, les grèves n’ont pas été reconduites le mardi. En soi, le retour au travail et le contrôle global (même s’ils n’ont pu annuler la journée d’action) des syndicats marquent les limites de ces grèves comme nous le pressentions dans notre prise de position. Par contre, dans le contexte de propagande nationaliste et guerrière prévalant actuellement au plan international et particulièrement en Belgique, leur signification – l’affirmation des intérêts de classe au détriment des appels à l’unité nationale et à l’abandon du combat ouvrier – n’en est pas diminuée pour autant. Ce lundi matin, aussi limitées furent les grèves, les travailleurs en lutte en Belgique ont montré la voie à suivre dans la nouvelle période qui voit la bourgeoisie s’engager de plus en plus dans les guerres impérialistes.

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Notes:

[3qui visent non pas spécifiquement le terrorisme mais la "sécurité de l’État", et donc toute mobilisation ouvrière d’importance.

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